Philippe Blondeau
Né
en 1958 à Senlis, Philippe Blondeau vit actuellement près d’Amiens.
Il a publié une quinzaine d’ouvrages, essentiellement des recueils
de poèmes. Avec Tristan Felix il a fait paraitre deux
recueils de « traductions unilingues » et créé en
2005 La Passe, une revue des langues poétiques, revue
fondée sur l’échange et la rencontre des écritures, et qui s’est
manifestée dans de nombreuses lectures-spectacles, jusqu’en 2015.
Il a par ailleurs dirigé ou préfacé des ouvrages sur quelques
poètes amis comme Pierre et Ilse Garnier ou Ivar Ch’Vavar.
Publications :
Poèmes :
Pour
habiter le mauvais temps, Éditions du moulin, 1982
Mesure
d’oubli, chez l’auteur, 1983
Pour
le livre du témoin, L’arbre, 1986
Les
Minutes de l’air, L’arbre, 1991
Exercice
de l’effacement, prix colportage, Rétro-Viseur éditions, 2002
Franchises,
avec Tristan Felix, L’arbre 2005
Dehors,
Polder, 2006
Décimales,
Éditions des Vanneaux, 2008
Coup
double, avec Tristan Felix, Corps puce, 2009
Du
genre humain, hors commerce, 2012
Tri,
ce long tri, Éditions Henry, 2012
« Les
Indiens sont encore loin », livre d’artiste illustré par
Gaia Lionello, Le Bretteur, 2014
Autopsie
des temps morts, Le Bretteur, 2015
Proses :
Blâmes
funèbres, Jacques André, 2012
Mourantes
natures, sur des dessins de Viso Coatmorvan, Corps Puce, 2015
Publications
dans les revues :
Lieux
d’être, Le Jardin ouvrier, Rétro-Viseur, Sarrazine,
Contre-allées, Diérèse, Verso, Décharge, Comme en
poésie…
Blues
J’aurais
manqué le monde comme on voit
par
la vitre d’un train en hiver un quai vide
devant
des baraquements d’usage indéfini
ce
sera un sentiment sans plus d’amertume
qu’un
air de country-rock enfoncé dans le paysage
vivre
aura été sans grandeur ni trop de souffrance
honnête
et mesuré comme les haies du bocage et leur ombre de neige
déjà
on se voit un peu moins réel
façade
dans un coin du décor du monde
inchangée
depuis un siècle, on entrevoit
une
clarté par les trous de la toile, on voit mieux
aussi
la clarté des âmes par leurs déchirures
rien
ni le cœur qui grince comme un éolienne en pleins champs
ne
peut nous soustraire à la douceur
cruelle
d’un voyage qui n’en finit pas
je
serai arrêté sur une ligne secondaire
de
ternes buissons ne bourgeonnant qu’à peine
seront
là aussi
comme
moi.
Le
Santa-Cruz était en feu
des
adolescents ivres couraient le long des voies
une
femme avait péri sous des coups
le
siècle finissait comme un poème évasif.
Place
de la Mairie on brûlait les poubelles
à
des milliers de kilomètres des astronautes conversaient avec
l’infini
des
couples parfaitement laids s’ébattaient
avec
aigreur et discrétion dans des chambres surfaites
personne,
jamais personne
ne
devait se souvenir de ces quelques détails
du
premier jour d’un millénaire sans franchise.
extrait
de Du genre humain, 2012.