Le blog Ffwl Lleuw [ex : Le moulin des Loups] est la suite directe du blog : Le chemin d'Arthur dont les archives sont disponibles via le lien : http://lemoulindesloups.blogspot.com
En
2009, le Centre Nicaraguayen d'Écrivains CNE lui décerna un Prix en
hommage à l'ensemble de son oeuvre.
Il
compte à son actif 17 expositions individuelles.
Ses
poèmes ont été publiés dans les revues : Poètes du
Nord-Pas de Calais, Flammes Vives, Boxon, La Revue des Resssources,
Écrits-Vains, Le chemin d'Arthur/Le moulin
des loups (France), Regarts,
Traversées (Belgique), Katharsis, La Botella Vacía,
Ábaco (Espagne), Hispanic Culture
Review (États-Unis), Club de Brian, Café
Literario, Al margen.com (Mexique), Zona de
Tolerancia (Colombie), Letras Salvajes (Puerto
Rico), Arte Poética (Le Salvador), Pluma Libre (Costa
Rica), et au Nicaragua: ArteFacto, Estrago, Ojo de Papel, La
Tribuna, El Nuevo Diario, La Prensa Literaria, Voces Nocturnas,
Papalotl (de laquelle il fut co-fondateur), Gojón (cette
dernière qu’il dirige depuis 2005).
En
1995 il reçut le Prix Arts et Lettres de France pour son
roman : Pauvre Mister Snow, et pour son essai
sur: Le Prisonnier de Patrick MacGoohan: Du Moi à l’Être
- Essai d’interprétation objective.
Il
a participé comme poète invité aux Festivals Internationaux de
Poésie de San Salvador (2006), La Havanne (2007) et Granada (2005,
2006, 2007).
**********
IN
PARTIBUS, 2023
"Comment
pourrait-on supporter l'insulte du Créateur, la honte de la foi,
sans même parler des dommages temporels! Le fondement premier de
tous leurs crimes étant le reniement de la foi!"
(Henry
Institoris et Jacques Sprenger,
Malleus
Maleficarum)
Troisième
planète du système solaire Eurégon, quatre heures du matin. Je me
réveillais la tête dans le cul sur la couchette en pierre de ma
cellule. Le bruit d'une bouilloire sifflait dans le silence, du côté
de la salle de contrôle. Cette foutue taule était gardée jour et
nuit par les Bleus. C'étaient des troupes spéciales de l'armée
régulière qu'on appelait comme ça à cause de la couleur de leur
casque. Le G.I.U.S., Gouvernement Interplanétaire d'Union
Ségrégationniste, s'était arrangé pour monter les populations du
troisième système solaire les unes contre les autres. Il était en
effet encore trop affaibli par ses propres guerres pour supporter la
concurrence de l'ancien régime euréguien sur son marché. Alors il
s'était arrangé pour y faire entrer des mercenaires déguisés en
marchands - une sorte de Cheval de Troie en somme - qui avaient
soudoyé les Yakmen, nomades du désert de la sixième planète, afin
que ceux-ci entretiennent les vieux conflits de l'ère pré-ptozoïque
auxquels plus personne ne pensait, mais distribuez gratuitement des
armes pendant cinq ans et vous obtiendrez facilement une guerre
civile dans plus de la moitié de la galaxie. D'ici, on entendait
tout. On était dans le quartier de haute-sécurité, et des hommes
du R.P.I.G., Répression Provocation et Incitation à la Guerre, nous
surveillaient jour et nuit. Il n'y avait aucun prisonnier de droit
commun, mais l'O.D.C.D.I., Organisation du Détersif Contre la
Dépravation Intellectuelle, s'était arrangé pour enfermer ici
toutes les personnes soupçonnées d'avoir un comportement déviant.
Dehors, les affiches et les pubs télépathiques desservaient dans
l'ensemble de la capitale d'anciens messages de la Terre, troisième
planète d'un des systèmes solaires de la Voie Lactée. On voyait
des familles bizarres, avec des enfants aux cheveux blonds et des
parents privés de la langue à l'aisne, des cornes et des tentacules
nasaux qui caractérisaient notre race. On aurait dit des simulacres
de Vénus de Milo contemporaines. Les doctrines du G.I.U.S. se
caractérisaient par un traditionalisme qui confinait à l'archaïsme.
Un exemple, plus personne ne savait ce que pouvait signifier le sigle
C.O.M.M.U.N.I.S.M.E., et pourtant les agents de l'I.O.R., Information
Organisée par la Régression, mettaient encore la population en
garde contre ce mouvement, au travers des messages subliminaux que
des implants dans le bulbe rachitique envoyaient au cerveau à
intervalles réguliers de deux heures quarante trois minutes
cinquante secondes et trois microns. C'était un groupe de chercheurs
de l'A.I.D.S.PEOPLE, Association d'Intoxication Démocratique pour la
Suprématie sur le PEUPLE, l'association caritative de la femme du
président de leur pseudo république, qui avait découvert que cet
espace de temps était le plus approprié à l'assimilation
inconsciente des "messages nécessaires à la constitution
d'une société à but unique", comme l'avait écrit le
célèbre professeur Sheridan dans son fameux ouvrage Maîtrisez
le monde par la méthode douce.
PREMIERE
PAGE D’UN CARNET DE PRISON
Printemps
5059. Le 12 février pour être tout à fait exact. Le dôme
au-dessus de Very New York ne parvenait pas à arrêter les chauds
rayons du soleil, et les ventilateurs géants ne faisaient, comme
d'habitude, que brasser l'air chaud qui venait du désert.
Je
finissais de me curer le nez, en regardant mon visage mal rasé et
hirsute à travers les glaces du plus grand magasin de jouets et de
hi-fi de la ville. Toy-Land était à la fois un parc animalier, où
se côtoyaient les espèces les plus diverses de la faune aujourd'hui
disparue, et, dans ses étages supérieurs, une véritable ville de
l'électronique à l'intérieur de la méga-cité. Le parc était un
lieu de rencontre pour les homosexuels en même temps que le théâtre
de multiples jeux de rôles, dont les plus sanglants étaient
retransmis en différé après l'heure du black-out à l'ordi-vision.
Le samedi soir, il y avait même un jeu de rôle interactif, dans
lequel les ordi-spectateurs pouvaient pourchasser des condamnés à
mort volontaires. Evidemment, les ordi-spectateurs avaient sur les
condamnés le très net avantage de voir n'importe quel point du
terrain de jeu en quadri-dimension, selon l'angle désiré.
Je
regardais un cyberordi jouer contre lui-même une partie de
lances-rockets. Apparemment nous l'emportions haut la main sur les
étrangers. Un crâne dont la mâchoire inférieure se déchaussait
au rythme du Requiem de B. Springsteen venait de s'incruster sur leur
quartier général, et le sang coulait sous la porte.
Un
vigile, qui devait se dire que je faisais mauvais effet devant la
vitrine géante, s'approcha de moi, mais je détalais avant qu'il ne
m'alpaguât. Je venais d'être mis à la porte de Cyber Info Corp. il
y avait juste deux semaines, et comme j'avais dû payer la taxe sur
les fenêtres ouvertes, puis celle sur l'ambianceur d'air, puis celle
sur le parking souterrain - je n'avais pas mon permis, mais comme
chaque membre de la communauté était censé avoir droit à un
véhicule (soi-disant pour relancer l'économie du pays), j'étais dû
payer l'impôt sur le parking qui m'avait été allouer d'office -,
sans compter la visite annuelle obligatoire chez le médecin, je
préférais ne pas trop me faire remarquer. J'étais sur la pente
descendante et je le voyais bien. Si ça continuait comme ça, je ne
me donnais même pas encore deux autres semaines avant de me
retrouver à la rue.
L'hiver
avait été doux, comme toujours, et les longues soirées en amoureux
avec ma fiancée passées entre le restaurant, le cinéma et la
discothèque ne m'avaient pas permis d'économiser pour le mariage,
comme je l'aurais voulu. D'ailleurs, je sentais bien depuis quelques
temps que Jenny m'en voulais. Elle croyait que c'était ma faute si
j'avais été fichu à la porte. Elle n'avait pas l'air de se rendre
compte qu'avec la nouvelle politique du gouvernement...
Un
nécessiteux venait de me bousculer. Je le repoussais et continuais
mon chemin, en vérifiant dans ma poche qu'il ne m'ait rien volé. Je
faillis buter contre un autre, allongé de tout son long en travers
du trottoir. C'est là que je m'aperçus que je m'étais trompé, et
au lieu de tourner à droite à l'angle de la 55ème et de Grant
Street, je me retrouvais maintenant en plein milieu de Sherry Bario,
l'ancien quartier mexicain, devenu maintenant le repaire de tous les
pouilleux de la ville.
Pour
la première fois de ma vie peut-être, je pris garde qu'au contraire
de ce que je croyais, la plupart des sans logis qui traînaient ici,
jusque sous les fenêtres de l'ancien commissariat désaffecté
depuis l'incendie du fameux Vendredi Noir qui ravagea les quartiers
pauvres le 26 décembre 3033, étaient des WASP. La plupart d'entre
eux devaient d'ailleurs avoir la centaine, comme moi.
La
panique qui m'avait gagné en m'apercevant que j'étais dans le
barrio maudit comme on l'appelait dans les beaux quartiers, laissa
soudain la place à une profonde lassitude. Peut-être était-ce de
m'apercevoir que personne dans cette indescriptible multitude ne
semblait prêter attention à moi et que pour eux, je faisais déjà,
en quelque sorte, partie de leur décor. Je n'avais jamais pensé
qu'un jour j'en arriverai là. La sueur poissait ma chemise au col
sale et, en baissant les yeux, je m'aperçus que mon pantalon et mes
chaussures ne valaient guère mieux.
Claire Ceira est née en 1952, elle est médecin et vit actuellement à Toulon. Elle a longtemps habité Amiens où elle a eu l'occasion de multiples échanges avec Ivar Ch'Vavar, mais aussi tous les poète, artistes, éditeurs qui forment un tissu si riche et vivant en Grande Picardie. Elle a participé et participe toujours à plusieurs revues de poésie, dont une à Toulon, la revue "Teste", et a publié trois recueils : 'Lettres de l'absence' (en supplément à 'l'Enfance', une revue d'Ivar ; 'Aquilin' aux éditions des Vanneaux, et 'Voir, regarder - voir' chez Polder. claireccile@yahoo.fr
Tu Tu fais le tour de la montagne. Il faut traverser un torrent, tu glisses
sur les cailloux, tu vois un poisson qui s’incline et brille,
disparaît, l’eau est du verre en mouvement. tu regardes la
roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d’être comme
une robe. tu t’appuies dans un creux tiède, au soleil. de l’autre
côté c’est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs
aiguilles couchées sur le sol roux. cette montagne, tu y es venu
de plusieurs côtés, et par tous les temps. l’hiver elle fait
peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle
économie de lumière, alors rien n’a d’ombre, ou
presque. rien n’est si facile qu’on l’imagine quand on rêve
de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui
collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
Il
y a des conversations vraies, y repenser c’est comme regarder la
montagne depuis la vallée, avoir envie d’être tout en haut. ou
bien d’être sur le bord d’une falaise, au-dessus du gouffre
tapissé de forêts, de sauter et de planer. Elles laissent un vide
égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
Il
faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les
images où la montagne se dresse, à plat sur de grandes feuilles de
papier. tu vas dormir dans le train, et à l’arrivée les choses
seront là pour de vrai.
En
faisant le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner
de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les
gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours
courant. En déchiffrant le temps qui glisse sous la couche des
nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter
le long de la route en lacets. Le gris de l’hiver en longues
traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens.
Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont,
l’appréhension de glisser sur une plaque de glace. A regarder les
lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. À deviner la
limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières
humaines de celles des étoiles, et un imperceptible changement de
valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a
roulé longtemps dans la montagne prête à entrer dans l’hiver.
Babel 2
à
côté du tas de compost elle dort deux mouches sous son
cou. ailes grises d’un ange si bien repliées dors, oiseau,
dors ma belle, roucoule ailleurs bientôt tu pueras je
reviendrai voir ton fin squelette.
vois
la fille courir sur la plage de sable noir sautant vers la
lumière du nord bondissante, le soleil gris s’est endormi,
aussi le corps de la fille est une lumière ses cheveux
roux elle pourrait être nue, sans rien changer.
on
n’est ni du nord ni du sud les larmes montent quand même devant
des larmes sincères.
**********
By
the factory wall
I
met my love the gas works wall
Dreamend
a dream by the old canal
Kissed my girl by the factory wall
Dirty
Old Town
Dirty
Old Town…
Il
y a un chemin derrière le mur de l’usine
un
soir d’hiver on y passera, marchant sur la ligne brune
de
terre tassée
entre
les herbes qui jamais ne meurent,
tassées elles aussi par l’hiver et la pluie de l’après-midi,
glacé,
finissant.
À
droite, le haut mur surplombe votre trajet
le
ciel est si semblable à une main, à un demi-sommeil
avec
ses glissements de lumière rare
du
gris moyen qui passe
insensiblement
à l’ardoise les lampes de la ville proche
vont
bientôt se refléter sur son poids
habituel.
Vous
marchez dans le froid normal, les mains dans les poches.
Une
sorte de bonheur sans
objet
coule de vous s’étend
sur
ces plantes maigres, ces briques descellées et noircies,
ce
ruban de terre sale, brillante dans les derniers miroitement,
Traducteur du français au
néerlandais et vice versa.
Peintre et calligraphe
contemporain.
Relieur et restaurateur de livres.
Concepteur de plus de 200
ouvrages, livres d’artistes et livres-objets.
Comme musicien actif dans
‘Limonade’ & ‘Limonade Extended’.
Editions :
Aux éditions
3-Werf :
- « Bleu Blanc
Rouge », préambules et début du Poème
sans Fin avec Peter ‘Arthur’ Caesens, (écrit en
flamand/français/anglais/allemand/…) 1996 ;
-
« Spiegelbrijn », avec Peter ‘Arthur’ Caesens (persiflage écrit
principalement en flamand) 2007 ;
Aux éditions L’Âne qui Butine :
- « Le cigare ne vaut
pas une pipe tant qu’il n’est pas allumé » (cet extrait n’est pas un
traité sur le cigare surréaliste) (texte en français & en bruxellois),
2002 ;
- « Extrait
‘Artbruitiste’du Poéme sans Fin, avec
Peter ‘Arthur’ Caesens, 2003 ;
- « La danse de
l’ours » avec A. Wandre, 2003 ;
- « Duodâne »
avec Lucien Suel, 2004 ;
- « Wordsbomb » (pamphlet),
2007 ;
-
« Du riquiqui dans les mictions », 2011, récit-concept de Bohumil
Kapsa (nègre de : Christoph
Bruneel, Dominique Antin, Jacky Legge, Anne Letoré) ;
- « La saison des
encornets » (bestiaire, gravures Fabien Delvigne), 2012 ;
- « La chanson de
L’Âne qui Butine » avec Peter ‘Arthur’ Caesens, 2012 ;
- « Une Histoire
au-dessus des têtes », von Knapheyde, 2015 ;
Aux éditions L’Âne qui
Butine & Wit.h :
- « Passage Difficile
/ Moeilijke Doorgang », ‘grafic novel’ de Dominique Beun & Christoph
Bruneel, bilingue Français / Néerlandais, 2015 ;
Aux éditions Rafael de
Surtis :
-
« Dépeausitions », avec illustrations de l’auteur, 2007 ;
Aux éditions
MeMograMes :
- « Les
empêche-pipi » de Jacky Legge, collaboration pour la partie
néerlandophone, rédaction du glossaire Stoelganglexicon, réalisations de deux illustrations,
recherche de deux auteurs néerlandophones et relecture de la partie
néerlandophone, 2008.
Aux éditions de
l’Heure :
- « Quemhfr !»
2009.
Aux éditions Atelier de
l’Agneau:
- « En désordre. (De
la destruction de la langue & de la corruption du mot) », 2011
Traductions :
- Traduction vers le
Français de 8 poèmes de Hedd Wyn (1887-1917), revue ‘Passages’ N° 10 mai juin
2008.
- Traduction vers le
Français de quelques poèmes et chansons de Peter Holvoet-Hanssen dans le cadre
de son état de poète de la ville d’Anvers (2010-2011).
- Traduction vers le
Néerlandais de “Chemin du vent / Windweg”, recueil de poèmes de Philippe Mathy,
aux éditions Medusa, 2011.
- Traduction vers le
Néerlandais d’une monographie d’artiste : “Irène Philips” de Jacqueline
Guisset, aux éditions L’herbe qui tremble, 2012.
- Traduction vers le
Français de poèmes de René Declerq : “Declercq ‘Ongebonden’.”, uitgegeven door het René Declercq-genootschap,
Deerlijk (Belgique), 2015.
- Traduction du français au
néerlandais de ‘Pubères, putains’ (Pubers, pietenpakkers) de Jean-Pierre
Verheggen.
- « Archives sonores
du collectif Driewerf.
On fera plus la prochaine fois. », collectif, double album vinyle 33 T,
2006 ;
- « 49HP, the next generation »
vinyle 33T. par : Jean-Philippe Resemann / Mimosa / Jean-Luc Caramelle /
Christoph Bruneel, 2013.
Aux éditions
Wit.h :
- « De tijdscantate », cantate pour un double
chœur (avec des femmes et des hommes en déficience mental), créée par Peter
‘Arthur’ Caesens & Christoph Bruneel. (CD, 2015)
Hortus Conclusus Records
:
- « The Mother
Stone », Peter Wullen / Globoscuro / Mach Feedback / Isabel Ros De Castro
/ Christoph Bruneel, 2016.