Anne Letoré
Née le 26 juin 1959 à Amiens (Picardie - F).
Pour l'écriture : sa voix sourde et grave offre l'intimité du texte, lance les mots de l'auteure à vous, rien qu'à vous. Et pour finir, elle aime la rencontre et le dialogue de l' "après lecture", un moment privilégié où les mots échangés se fondent au plaisir de la découverte de l'autre. Depuis 1980, publications d'abord en poésie, puis essentiellement en nouvelles (revues, éditions, collectifs).
Pour la passion : en 1999, elle crée une maison d'édition tournée essentiellement vers le livre d'artiste, le livre-objet et la reliure de création : L' âne qui butine.
Editions (hors collectifs)
1996 Cartes postales verso (Sénégal, Thaïlande, Venezuela) aux Ed. Encres vives,
collection Lieu - poésie.
1998 Le chaos érotique - aux Ed. Du Rewidiage - poésie.
1999 Miroir métallique, illustrations Jacques Abeilles
- L'âne qui butine - poésie.
2000 Au bord du fleuve, écrit avec Jacques Abeilles
- l'âne qui butine - nouvelle.
2000 Cartes postale vers II (Norvège, Turquie, Chine)
aux Ed. Encres vives, collection Lieu - poésie.
2001 13 nouvelles noires - sur le site Internet Idlivre.com et sur papiers.
2001 Nuit volée - aux Ed. Pour un ciel désert (Rafaël de Surtis).
2010 Danse la rue - projet La pluie d'oiseaux et les centres sociaux Le Pile
et les 3 Ponts, Roubaix.
2010 Du riquiqui dans les mictions - roman écrit à 4 auteurs
sous le pseudonyme Bohumil Kapsa, nègre des ses traducteurs :
Dominique Antin, Christoph Bruneel, Jacky Legge, Anne Letoré
- Ed. L’Âne qui butine.
2014 Surtout, ne suivez pas le guide ! - collages
Christoph Bruneel
- Ed. L’Âne qui butine.
2014 Tabliers & maillots de bain – co-écrit avFrançoise Lison-Leroy
- Ed. Les déjeuners sur l’herbe.
TABLlERS ET
MAILLOTS DE BAIN
Poésie :
Françoise Lison-Leroy, prose : Anne Letoré
éd. Les
déjeuners sur l’herbe
Le large
couloir sentait l’eau de vaisselle et la pierre
rance. Il
menait à une enclave rocheuse grossièrement travaillée,
surnommée
grotte, dans laquelle reposait un Jésus
bienveillant à
notre égard, jeunes filles confites dans une
foi imposée.
J’étais de ces filles engluées en file indienne
ou en arc de
chorale pubère ânonnant des prières que nous
aurions
préférées sautillantes et colorées. Au contraire, les
phrases ternes,
les notes grises battaient une mesure ralentie
par des anges
endormis, tête courbée, regard rivé au
carrelage poli
de nos pas traînants.
Pour rejoindre
certaines salles de classe, nous passions
près de la
grotte, toute à la fois fascinante et exaspérante.
En aurais-je
gardé ce goût de l’inattendu et des décors incongrus
? Nous
traversions une immense salle où agonisait
un piano. Drap
noir sur pilotis, aucune ombre dessous. Je
m’y suis
essayée quelquefois, les doigts timides sur les
touches
blanches, plus circonspects sur les touches noires…
alors, mes
oreilles se refermaient d’elles-mêmes tellement
l’air était
scabreux… N’entendant plus rien, j’abandonnais.
Même encore
aujourd’hui je suis infichue de reconnaître un
violon d’une
harpe.
******
B O N U S
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