dimanche 19 mars 2017

CAROLE DARRICARRÈRE



Née à Abijan en 1959, "avec des valises à la main" DIT QU'elle ne se considérera totalement née qu'au terme de l'accomplissement de son oeuvre.


Elle a grandi à l’étranger, en Afrique, dans les îles, « beyond south » dit-elle, partagée entre l’amour de la nature, un goût précoce pour la littérature et le dur désir de comprendre : tout ! Elle se partage aujourd’hui entre la campagne parisienne l’été et l’Asie du sud-est l’hiver. De nature taiseuse (elle dit d’elle qu’elle aurait pu virer autiste), elle s’empare de l’écriture comme d’un outil d’analyse et de la poésie comme d’un fil conducteur pour explorer toutes les facettes de la réalité.
Artiste résolument visuelle (au sens deleuzien qui avance qu’un artiste est quelqu’un qui a rencontré quelque chose de trop fort pour lui) et poète en toute chose,  elle oscille entre l’écriture poétique et l’écriture photographique et transfère son hypersensibilité sur la peau du texte pour la canaliser et la mettre à distance.
Elle insiste sur le fait que ses livres ne sont jamais des recueils de poèmes mais un poème ininterrompu, une respiration, un souffle vital dont le accélérations et les apnées participent toutes d’une même sagesse :  oh toi étranger en ce monde  « Connais-toi toi-même » !
Les thèmes fondateurs de son travail sont : la réalité et le réel, l’apparition et la disparition, la mémoire et l’effacement, le Poème.
Rétrospectivement, elle distingue trois grandes périodes dans son travail, « la période bleue » (de « La tentation du bleu » à « Le sermon sous la langue »), « la période fuchsia » (« LVE » et « Le (je) de Léna ») et « la période chair » (« Chair de l’effacement »).



Deux citations qui l’accompagnent partout où elle  va…

« Nous savons qu’il existe un espace de liberté entre la chair et l’os. »
Michel Houellebecq

« Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. » 
Franz Kafka

 Feuille volante inédite extraite d’un manuscrit au port chez un éditeur depuis un an en attendant de… prendre la mer !  La fin de l’écriture (Aussitôt rien) … est une rêverie réflexive qu’une figure sous cache appose sur le monde à la façon d’une grille de lecture, d’un filtre ou d’un masque, sous-tendue par une réflexion sur l’écriture, projet central du livre.

d’un côté les jardins du souvenir    les saisons et les peintres

les anneaux amants des nids dans les arbres et des vers dans les fruits

les vaches dans la confiture les œufs dans le germoir et l’enchanteur dans le potager


De l’autre le chevalet de la réalité, l’invention du progrès, la compression de l’espace, la course du temps.

La mondialisation, le rendement, la morne actualité du sifflet concentrationnaire, des bouchons à la chaîne dans le ciel de traîne des générations no future no sky.

Sur des écrans tactiles mille laitières matriculées hors champs par un triangle têtu de barons zélés, ingénieurs des travaux publics et forçats du bâtiment, ministres et députés, et de puissants lobbies ruminent ensemble quotas, normes et décrets.

Ces nouveaux rédempteurs convertissent le réel en principe sonnant.

Le clonage est le sablier de la licorne, le concept la muse vénale de la pluralité culturelle,
le progrès la bête noire de l’antique pondération de l’équilibre sur la voie de l’harmonie.


extension du domaine de la poésie à la lutte des classes

aussitôt la main gauche caresse l’idée de réécrire ce que la main droite commet


Bibliographie disponible sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Carole_Darricarrère 
Livre d’artiste numérique visible sur :
Poème radiophonique en écoute ici :
https://www.franceculture.fr › Émissions › L'Atelier de la création | 14-15
À venir : Moi peau dans le prochain numéro de la revue Zone Sensible  (printemps 2017)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire