Née à Abijan en 1959, "avec des valises à la main" DIT QU'elle ne se considérera totalement née qu'au terme de l'accomplissement de son oeuvre.
Elle
a grandi à l’étranger, en Afrique, dans les îles, « beyond south »
dit-elle, partagée entre l’amour de la nature, un goût précoce pour la
littérature et le dur désir de comprendre : tout ! Elle se partage
aujourd’hui entre la campagne parisienne l’été et l’Asie du sud-est l’hiver. De
nature taiseuse (elle dit d’elle qu’elle aurait pu virer autiste), elle
s’empare de l’écriture comme d’un outil d’analyse et de la poésie comme d’un
fil conducteur pour explorer toutes les facettes de la réalité.
Artiste
résolument visuelle (au sens deleuzien qui avance qu’un artiste est quelqu’un
qui a rencontré quelque chose de trop fort pour lui) et poète en toute
chose, elle oscille entre l’écriture
poétique et l’écriture photographique et transfère son hypersensibilité sur la
peau du texte pour la canaliser et la mettre à distance.
Elle
insiste sur le fait que ses livres ne sont jamais des recueils de poèmes mais un
poème ininterrompu, une respiration, un souffle vital dont le accélérations et
les apnées participent toutes d’une même sagesse : oh toi étranger en ce monde « Connais-toi toi-même » !
Les
thèmes fondateurs de son travail sont : la réalité et le réel,
l’apparition et la disparition, la mémoire et l’effacement, le Poème.
Rétrospectivement,
elle distingue trois grandes périodes dans son travail, « la période
bleue » (de « La tentation du bleu » à « Le sermon sous la
langue »), « la période fuchsia » (« LVE » et
« Le (je) de Léna ») et « la période chair » (« Chair
de l’effacement »).
Deux
citations qui l’accompagnent partout où elle va…
« Nous
savons qu’il existe un espace de liberté entre la chair et l’os. »
Michel Houellebecq
« Un livre doit être la hache qui brise
la mer gelée en nous. »
Franz Kafka
Feuille volante inédite
extraite d’un manuscrit au port chez
un éditeur depuis un an en attendant de… prendre la mer ! La fin de
l’écriture (Aussitôt rien) … est une rêverie réflexive qu’une figure
sous cache appose sur le monde à la façon d’une grille de lecture, d’un filtre
ou d’un masque, sous-tendue par une réflexion sur l’écriture, projet central du
livre.
d’un côté les jardins du
souvenir les saisons et les peintres
les anneaux amants des nids dans
les arbres et des vers dans les fruits
les vaches dans la confiture les
œufs dans le germoir et l’enchanteur dans le potager
De
l’autre le chevalet de la réalité, l’invention du progrès, la compression de
l’espace, la course du temps.
La
mondialisation, le rendement, la morne actualité du sifflet concentrationnaire,
des bouchons à la chaîne dans le ciel de traîne des générations no future no sky.
Sur
des écrans tactiles mille laitières matriculées hors champs par un triangle
têtu de barons zélés, ingénieurs des travaux publics et forçats du bâtiment,
ministres et députés, et de puissants lobbies ruminent ensemble quotas, normes
et décrets.
Ces
nouveaux rédempteurs convertissent le réel en principe sonnant.
Le clonage
est le sablier de la licorne, le concept la muse vénale de la pluralité
culturelle,
le progrès
la bête noire de l’antique pondération de l’équilibre sur la voie de
l’harmonie.
extension du domaine de la poésie
à la lutte des classes
aussitôt la main gauche caresse
l’idée de réécrire ce que la main droite commet
Bibliographie
disponible sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Carole_Darricarrère
Livre
d’artiste numérique visible sur :
Poème
radiophonique en écoute ici :
https://www.franceculture.fr › Émissions › L'Atelier
de la création | 14-15
À
venir : Moi peau dans le prochain numéro de la revue Zone
Sensible (printemps 2017)
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