Claire Ceira est née en 1952, elle est médecin et vit actuellement à Toulon. Elle a longtemps habité Amiens où elle a eu l'occasion de multiples échanges avec Ivar Ch'Vavar, mais aussi tous les poète, artistes, éditeurs qui forment un tissu si riche et vivant en Grande Picardie. Elle a participé et participe toujours à plusieurs revues de poésie, dont une à Toulon, la revue "Teste", et a publié trois recueils : 'Lettres de l'absence' (en supplément à 'l'Enfance', une revue d'Ivar ; 'Aquilin' aux éditions des Vanneaux, et 'Voir, regarder - voir' chez Polder. claireccile@yahoo.fr
Tu fais le tour de la montagne. Il faut traverser un torrent, tu glisses sur les cailloux, tu vois un poisson qui s’incline et brille, disparaît, l’eau est du verre en mouvement.
tu regardes la roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d’être comme une robe. tu t’appuies dans un creux tiède, au soleil. de l’autre côté c’est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs aiguilles couchées sur le sol roux.
cette montagne, tu y es venu de plusieurs côtés, et par tous les temps. l’hiver elle fait peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle économie de lumière,
alors
rien n’a d’ombre, ou presque.
rien n’est si facile qu’on l’imagine quand on rêve de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
Il
y a des conversations vraies, y repenser c’est comme regarder la
montagne depuis la vallée, avoir envie d’être tout en haut.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au-dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer. Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au-dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer. Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
Il
faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les
images où la montagne se dresse, à plat sur de grandes feuilles de
papier.
tu vas dormir dans le train, et à l’arrivée les choses seront là pour de vrai.
tu vas dormir dans le train, et à l’arrivée les choses seront là pour de vrai.
En
faisant le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner
de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les
gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours
courant.
En déchiffrant le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacets. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l’appréhension de glisser sur une plaque de glace. A regarder les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. À deviner la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne
prête à entrer dans l’hiver.
En déchiffrant le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacets. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l’appréhension de glisser sur une plaque de glace. A regarder les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. À deviner la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne
prête à entrer dans l’hiver.
Babel 2
à
côté du tas de compost elle dort
deux mouches sous son cou.
ailes grises d’un ange si bien repliées
dors, oiseau, dors ma belle, roucoule ailleurs
bientôt tu pueras
je reviendrai voir ton fin squelette.
deux mouches sous son cou.
ailes grises d’un ange si bien repliées
dors, oiseau, dors ma belle, roucoule ailleurs
bientôt tu pueras
je reviendrai voir ton fin squelette.
vois
la fille courir
sur la plage de sable noir
sautant vers la lumière du nord
bondissante, le soleil gris s’est endormi, aussi
le corps de la fille est une lumière
ses cheveux roux
elle pourrait être nue, sans rien changer.
sur la plage de sable noir
sautant vers la lumière du nord
bondissante, le soleil gris s’est endormi, aussi
le corps de la fille est une lumière
ses cheveux roux
elle pourrait être nue, sans rien changer.
on
n’est ni du nord ni du sud
les larmes montent quand même
devant des larmes sincères.
les larmes montent quand même
devant des larmes sincères.
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By
the factory wall
I
met my love the gas works wall
Dreamend
a dream by the old canal
Kissed my girl by the factory wall
Dirty
Old Town
Dirty
Old Town…
Il
y a un chemin derrière le mur de l’usine
un
soir d’hiver on y passera, marchant sur la ligne brune
de
terre tassée
entre
les herbes qui jamais ne meurent,
tassées elles aussi par l’hiver et la pluie de l’après-midi,
glacé,
finissant.
À
droite, le haut mur surplombe votre trajet
le
ciel est si semblable à une main, à un demi-sommeil
avec
ses glissements de lumière rare
du
gris moyen qui passe
insensiblement
à l’ardoise les lampes de la ville proche
vont
bientôt se refléter sur son poids
habituel.
Vous
marchez dans le froid normal, les mains dans les poches.
Une
sorte de bonheur sans
objet
coule de vous s’étend
sur
ces plantes maigres, ces briques descellées et noircies,
ce
ruban de terre sale, brillante dans les derniers miroitement,
c’est une chanson irlandaise qui disait ça.
…Clouds
a drifing across the moon
Cats
a prowling on their beat
Spring’s
a girl in the street at night
Dirty
Old Town
Dirty
Old Town…
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