samedi 29 avril 2017

PHILIPPE BLONDEAU



Philippe Blondeau

Né en 1958 à Senlis, Philippe Blondeau vit actuellement près d’Amiens. Il a publié une quinzaine d’ouvrages, essentiellement des recueils de poèmes. Avec Tristan Felix il a fait paraitre deux recueils de « traductions unilingues » et créé en 2005 La Passe, une revue des langues poétiques, revue fondée sur l’échange et la rencontre des écritures, et qui s’est manifestée dans de nombreuses lectures-spectacles, jusqu’en 2015. Il a par ailleurs dirigé ou préfacé des ouvrages sur quelques poètes amis comme Pierre et Ilse Garnier ou Ivar Ch’Vavar.

Publications :

Poèmes :

Pour habiter le mauvais temps, Éditions du moulin, 1982
Mesure d’oubli, chez l’auteur, 1983
Pour le livre du témoin, L’arbre, 1986
Les Minutes de l’air, L’arbre, 1991
Exercice de l’effacement, prix colportage, Rétro-Viseur éditions, 2002
Franchises, avec Tristan Felix, L’arbre 2005
Dehors, Polder, 2006
Décimales, Éditions des Vanneaux, 2008
Coup double, avec Tristan Felix, Corps puce, 2009
Du genre humain, hors commerce, 2012
Tri, ce long tri, Éditions Henry, 2012
« Les Indiens sont encore loin », livre d’artiste illustré par Gaia Lionello, Le Bretteur, 2014
Autopsie des temps morts, Le Bretteur, 2015

Proses :

Blâmes funèbres, Jacques André, 2012
Mourantes natures, sur des dessins de Viso Coatmorvan, Corps Puce, 2015


Publications dans les revues :


Lieux d’être, Le Jardin ouvrier, Rétro-Viseur, Sarrazine, Contre-allées, Diérèse, Verso, Décharge, Comme en poésie…


 Blues

J’aurais manqué le monde comme on voit
par la vitre d’un train en hiver un quai vide
devant des baraquements d’usage indéfini
ce sera un sentiment sans plus d’amertume
qu’un air de country-rock enfoncé dans le paysage
vivre aura été sans grandeur ni trop de souffrance
honnête et mesuré comme les haies du bocage et leur ombre de neige
déjà on se voit un peu moins réel
façade dans un coin du décor du monde
inchangée depuis un siècle, on entrevoit
une clarté par les trous de la toile, on voit mieux
aussi la clarté des âmes par leurs déchirures
rien ni le cœur qui grince comme un éolienne en pleins champs
ne peut nous soustraire à la douceur
cruelle d’un voyage qui n’en finit pas
je serai arrêté sur une ligne secondaire
de ternes buissons ne bourgeonnant qu’à peine
seront là aussi
comme moi.



Province fin de siècle

Le Santa-Cruz était en feu
des adolescents ivres couraient le long des voies
une femme avait péri sous des coups
le siècle finissait comme un poème évasif.
Place de la Mairie on brûlait les poubelles
à des milliers de kilomètres des astronautes conversaient avec
l’infini
des couples parfaitement laids s’ébattaient
avec aigreur et discrétion dans des chambres surfaites
personne, jamais personne
ne devait se souvenir de ces quelques détails
du premier jour d’un millénaire sans franchise.


extrait de Du genre humain, 2012.

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